dimanche 28 juin 2009

En roue libre !

Les environs de La Paz sont riches en activité. L'une d'elle consiste à rallier en VTT la ville de Coroico située à une centaine de kilomètres par une route vertigineuse. Cette route semble accrochée à la montagne. Elle est bordée par des précipices pouvant mesurer jusqu´à mille mètres !



La pente, les courbes serrées, l'étroitesse de la piste et l'instabilité du terrain ont été fatals à un grand nombre de véhicules. Cela lui a valu le titre de la route la plus dangereuse du monde et le surnom de "route de la mort". Aujourd'hui la majeure partie du traffic passe par une nouvelle route beaucoup plus sûre, laissant notamment l'ancienne aux cyclistes.

C'est avec Marie et Manu que nous avons décidé de nous mesurer à cette descente incroyable, (histoire de changer des montées !) Pour cela nous sommes passés par une agence spécialisée afin de disposer de l'accompagnement et du matériel adéquat : Vélo Tout Terrain à double suspension et freinage hydraulique, casque intégral, protections pour les genoux et les coudes, gants et combinaison.

La journée a commencé par l'ascension en mini bus de la Cumbre (4700 mètres) près de La Paz, lieu de départ du tour.



Pour nous mettre dans l'ambiance, nous avons pris un petit déjeuner au bord d'un premier précipice.

Afin de nous familiariser avec le matériel et la pente, nous avons commencé la descente en empruntant la nouvelle route goudronnée.
Ce premier test réussi, nous avons alors bifurqué sur l'ancienne route.



La descente a duré plus de cinq heures et les sensations étaient bien au rendez-vous : vitesse et secousses, virages serrés au bord du ravin, passages sous des cascades et traversées de cours d'eau.


C'est quelque peu ¨empoussiérés¨ et en sueur que nous avons savouré une bière fraîche à l'arrivée. Et oui, trois mille mètres plus bas, il fait bien plus chaud et ca fait du bien !

Après cette nouvelle journée sportive, nous avons décidé d'arrêter les défis afin de nous reposer un peu. Dans les jours qui viennent nous partirons en direction du Pérou pour rejoindre deux nouveaux compagnons de voyage fraîchement débarqués de France : Flo et Nico !

mercredi 24 juin 2009

Un long dimanche de montagne

Le sommet de 5 050 mètres atteint au Parc Sajama nous a donné des ailes et un peu de folie. Nous avons donc décidé, avec Marie et Manu, nos nouveaux compagnons de grimpaille, de nous attaquer au Huayna Potosi, un sommet enneigé à 6 088 mètres...

L'ascension de cette montagne se fait en deux jours au départ de La Paz, avec l'aide de deux guides pour les non initiés que nous sommes.

En seulement deux heures de taxi sur des pistes pierreuses, nous arrivons sur un des flancs du Huayna Potosi, à 4 700 mètres d'altitude, point de départ de notre ascension. Après un bon déjeuner, nous partons rejoindre le refuge alto à 5 100 mètres.

Nous portons chacun quinze kilos sur le dos, car l'équipement que nous devons emmener est très lourd : duvets pour dormir à moins cinq degrés, polaires, manteau et pantalon de ski, chaussures de haute montagne (équivalentes à des chaussures de ski), sans oublier les crampons, le piolet et l'eau !

Nous marchons très lentement pour mesurer notre effort.

A cette altitude, nous avons dejà 40% d'oxygène en moins. Nous prenons donc le temps de regarder le paysage autour de nous qui est d'ailleurs plutôt splendide.

Pour corser le tout, le chemin se tranforme vite en cascade de pierres à gravir. Avec quinze kilos sur le dos, notre équilibre est un peu troublé et nous nous concentrons pour ne pas tomber en arrière !

Après deux heures de grimpette, nous sommes récompensés en découvrant les premières neiges au pied du refuge. Nous nous débarrassons de nos sacs avec bonheur. Un petit bain de soleil à l'abri du vent est le bienvenu pour nous reposer.

Repos écourté pour Flo qui souhaite tester la marche dans la neige avec les crampons et le piolet pour pouvoir rentrer dans le vif du sujet dès la nuit suivante. Pas moins de deux guides l'accompagnent dans ses premiers pas pour le moins hésitants.

Une bonne nouvelle, les crampons accrochent bien la neige ! La mauvaise est que trois kilos aux pieds, c'est très fatiguant à mouvoir !

Une fois le soleil disparu derrière les montagnes, le froid a alors envahi tout l'espace, y compris celui de refuge.
Dix-huit heures, il est temps de dîner...

...et rejoindre nos duvets pour dormir quelques heures avant le départ prévu à une heure trente du matin ! (et oui, nous avons appris que l'ascension des sommets enneigés se fait toujours de nuit, aux heures où il fait le plus froid, car la neige accroche mieux sous les crampons et le risque d'avalanche est le plus faible.)

La nuit est mauvaise pour tout le monde. Pauses pipi malvenues, froid, mal de l'altitude ou stress du défi à venir, les raisons sont nombreuses ! Nous n'avons donc finalement aucune difficulté à nous lever à minuit et demi.

Après un maté de coca, Marie et Manu sont en pleine forme pour démarrer.

De notre côté, malgré le Diamox prescrit et distribué par le docteur Marie, nous nous disons qu'avec notre mal de ventre nous n'irons pas bien loin !

Une heure trente est nécessaire pour se préparer. A deux heures, les crampons sont chaussés, et c'est parti. Nous gravissons lentement la montagne à la lueur de la frontale. Chaque couple est encordé avec son guide, les filles au milieu. C'est donc le guide qui donne le rythme. Un rythme incroyablement lent car l'effort est gigantesque. Chaque pas nous essoufle. Notre guide, Felix, ralentit quand il sent la corde se raidir, cela veut dire que nous ne tenons plus son rythme.

Nous marchons concentrés sur nos pas afin de rester cramponnés à la neige glacée. Concentrés également sur nos ventres qui nous brûlent. Par chance, nous n'avons pas mal à la tête et comme le vent ne s'est pas levé, nous ne souffrons pas du froid. Durant la première heure, nous nous répétons maintes fois que nous ne tiendrons jamais. Il faut six heures pour arriver en haut ! C'est vraiment trop dur. Et pourtant nous avancons encore, un pied devant l'autre. Flo veut au moins voir le lever de soleil, Olive ne veut pas renoncer aussi vite.

Nous nous faisons petit à petit distancer par les autres groupes. Mais nous avancons toujours un pied devant l'autre. Felix a le sourire aux lèvres. Rien ne semble l'épuiser. Lorsque parfois, nous relevons la tête, nous apercevons les petites lueurs des frontales des autres fous. Elle sont si hautes qu'elles se confondent avec les étoiles dans le ciel. 5 500 mètres. Un pied devant l'autre. Nous reprenons notre souffle, parfois pliés en deux par nos brûlures aux ventres. Nous apercevons les lumières de La Paz. Parfois à gauche, parfois à droite. Un pied devant l'autre, nous avancons, les montées n'en finissent jamais. La nuit noire ne veut pas partir. Ce sont probablement les heures les plus longues que nous n'avons jamais vécu. 5 700 mètres. Le soleil n'est pas encore là, nous continuons.

Nous ne nous parlons plus, cela nous demande trop d'effort. Nous mangeons et buvons à peine, car nos ventres ne le supportent pas. Et pourtant nous avons bien besoin de calories ! Flo baille et s'endort presque à chaque pause lorsqu'elle a retrouvé sa respiration. Que c'est dur. Un pied devant l'autre. Ouf, une partie plate. Nous reprenons notre respiration. Soudainement, la nuit noire laisse apparaître une magnifique ligne rose. L'aube est là et devant nous se dresse le sommet du Huayna Potosi, deux cent mètres plus haut.

Il n'en faut pas plus pour nous dire que nous pouvons continuer. Nous sommes si près. Un pied devant l'autre. Nous pouvons à présent marcher sans frontale, le décor autour de nous est grandiose et irréel.

Mais la pente reprend vite et l'effort est toujours aussi difficile.

Les pauses sont de plus en plus fréquentes et nous cherchons de plus en plus notre souffle. Nous avons à présent 60% d'oxygène en moins. Notre ventre nous brûle toujours et il est vide. La pente se raidit. Felix nous dit que nous sommes bientôt arrivés. Nous savons que ses estimations sont plutôt loin de la vérité. Qu'importe cela nous encourage à monter. Le soleil se lève derrière nous. Nous sommes accrochés à la paroi, à bout de souffle. Mille fois nous pensons arrêter et mille fois nous reprenons sans savoir où nous puisons cette force.

La dernière partie est sans doute la plus dure. C'est à coup de piolet que nous nous accrochons à la montagne pour grimper. Des rochers et de la glace corsent la difficulté. Le sommet est là devant nous à cinquante mètres. Mais que c'est dur ! Impossible de renoncer à présent.

Ca y est. A huit heures, nous y sommes. Nous sommes sur un toit du monde à 6 088 mètres !

Nous sommes tellement épuisés que c'est assis que nous admirons la terre qui s'étend à nos pieds. Le Lac Titicaca, La Paz, de nombreux sommets enneigés à plus de deux cents kilomètres de là.

Nous sommes heureux d'avoir réussi mais déjà inquiets de la redescente. Où allons nous trouver l'énergie ? Felix nous trouve la solution pour les deux cents premiers mètres de dénivelé, ce sera du rappel ! Il nous explique qu'il est plus dangereux de redescendre par le chemin emprunté lors de la montée qui est trop pierreux et glacé, nous ne discutons pas.

Il nous faudra une demi heure à bout de souffle pour descendre ces deux cents mètres de dénivellé et au moins vingt minutes pour nous en remettre.

Notre guide, Felix, lui, est toujours souriant et en pleine forme !

Nous repartons, Olive est en tête du trio, Felix en dernier. Nous découvrons alors les paysages que nous avons gravis cette nuit. Le chemin est bien tracé. Il contourne les nombreuses crevasses de la montagne. La descente nous apparaît tout aussi interminable que la montée même si nous souffrons moins. Notre ventre est toujours vide et nos batteries sont à plat.

Enfin à 11h30, nous rejoignons le refuge alto, ne comprenant toujours pas comment et pourquoi nous avons atteint le sommet du Huayna Potosi quelques heures plus tôt.


Un maté de coca et une barre de céréale plus loin, nous repartons avec nos quinze kilos sur le dos pour 1h20 de descente périlleuse en raison de l'enchevêtrement de pierres plus ou moins instables. Nous arrivons finalement au camp de base de la veille où nous attend pour notre plus grand bonheur la banquette du taxi.

Un seul objectif pour terminer cette incroyablement longue journée, une douche et un lit !

samedi 20 juin 2009

Encore un peu de froid...

Cela faisait plusieurs jours que nous visitions des villes boliviennes, Uyuni, Potosi et Sucre. Toutes nous ont comblés mais l'appel des grands espaces était plus fort. Nous avons donc mis le cap sur le Parc de Sajama.

Après quatorze heures de bus, quatre heures de van et quelques heures d'attentes, nous sommes arrivés au pied du Sajama, le plus haut volcan de Bolivie (6 540 mètres), dans le village du même nom.


Pendant deux jours, nous avons vécu au coeur du village, dans les mêmes conditions que les habitants : habitation sommaire (aussi bien isolée qu'un garage), toilettes et robinet d'eau à l'extérieur, seau et bassine en guise de salle de bain.


Outre ce confort sommaire, les conditions climatiques sont rudes en raison de l'altitude (4250 mètres). Dès le soleil couché, la température chute rapidement à moins quinze degrés à l'extérieur pour un peu moins de zéro degré environ dans notre chambre. Au petit matin, les vitres de notre fenêtre étaient givrées comme celle d'une voiture en plein hiver.


C'est dans ces conditions extrêmes que nous avons rencontré un autre couple de francais, Marie et Manu, apparemment aussi givrés que nous... Nous avons partagé des dîners glaciaux mais aussi de superbes balades ensoleillées.

Les environs du village nous ont enchantés. Le premier jour, nous nous sommes promenés dans la vallée au milieu d'une steppe colorée et colonisée par de nombreux lamas.

Nous avons longé des cours d'eau glacée avant de nous baigner dans des eaux thermales délicieusement chaudes.


Au programme le lendemain : la montée d'une montagne culminant à 5 050 mètres. Nous avons de nouveau pris un coup de vieux, gravissant lentement mais sûrement les 800 mètres de dénivellé. Une petite photo souvenir lorsque nous avons atteint la même altitude que le Mont Blanc (4 807 mètres) !

Et quelle victoire, lorsque nous avons atteint le sommet après trois heures d'ascension.


Un bon entraînement pour notre prochain défi à venir : la montée du Huayni Potosi, un sommet culminant à 6 088 mètres mais réputé accessible.