jeudi 18 juin 2009

C'est plus le Pérou...

Nous nous sommes arrêtés à Potosi. Cette ville est connue pour ses mines d'argent légendaires. Avec l'argent qui en a été extrait depuis trois siècles, on aurait pu en revêtir une route allant jusqu'à Madrid. Potosi était la ville la plus rayonnante de toute l'Amérique du Sud à l'époque coloniale. La Bolivie s'appelait alors le Haut Pérou. L'expression ¨C'est le Pérou¨ vient de la richesse des entrailles de cette ville. Le pendant de cette richesse est le génocide de près de six millions d'indiens morts dans ces mines.

De nos jours, les mines ne produisent plus autant et le rayonnement de la ville n'est plus celui de son passé. En 1995, les mines ont été privatisées. Les compagnies ayant repris les exploitations se sont concentrées sur les plus rentables laissant sur le pavé des milliers de mineurs. Pour survivre, ces derniers se sont organisés en coopératives et exploitent les filons délaissés. Leur salaire a ainsi été divisé par deux. Leurs conditions de travail sont celles décrites par Zola dans Germinal.

Des guides, souvent d'anciens mineurs, organisent la visite de ces mines. C'est dans cet enfer que je suis descendu et je ne suis pas prêt d'oublier ce que j'ai vu et ressenti.

Avant d'entrer dans la mine, nous nous sommes arrêtés au marché pour acheter des ¨présents¨ pour les mineurs (au choix, feuilles de Coca, alcool potable à 96 degrés (!), cigarettes, bananes séchées ou dynamites).


Pour descendre dans la mine, nous étions équipés de la tête aux pieds et cela n'était pas de trop.

Nous avons parcouru pendant trois heures durant des galeries plus ou moins bien étayées. Au fur et à mesure que nous nous enfoncions, la température devenait suffocante et l'air déjà rare à cette altitude (4 500 mètres) semblait quasiment inexistant. Il se chargeait d'humidité parfois, de poussière d'autres fois. Les galeries se tranformaient par endroits en boyaux, nous obligeant à ramper dans la boue.

Hormis les explosions de dynamite secouant les galeries, le plus grand danger est le va-et-vient incessant des chariots tirés et poussés par les mineurs. Ces chariots pèsent 700 kilos à vide et peuvent contenir 2 tonnes de minerais. Lorsque ces chariots déboulaient, nous avions très peu de temps et de place pour les éviter.

Au cours de cette visite, nous avons échangé avec les mineurs que nous rencontrions. Incroyable, au milieu de ces conditions extrêmes et insupportables, ces hommes étaient très disponibles et nous ont acceptés parmis eux. Ils semblaient presque reconnaissants de notre visite dans leur enfer.
Nous nous posions des questions sur l'aspect voyeur de cette visite mais leur accueil m'a donné l'impression que le pire pour eux serait l'indifférence et l'oubli.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire